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Introduction :
    L'activité journalistique de Réné Bonnefoy est en plein essort dans les années 1920. Sa carrière littéraire commence dans cette même période avec quelques nouvelles publiées dans des journaux et c'est en 1928 qu'il fait paraître son premier ouvrage : "Gilberte et l'autorité".
    René Bonnefoy signera en tout cinq romans et pour finir un documentaire illustré en 1932. Nous allons vous présenter tous ces ouvrages ci-dessous. Nous aborderons aussi le roman "Au pays des moteurs", un cas particulier.

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"Gilberte et l'autorité"
au Sans Pareil - 31 janvier 1928

Résumé - Critique :Gilberte
    Paru en 1928 alors qu'il était rédacteur en chef du journal "Le Moniteur" - journal acheté un an auparavant par Pierre Laval - il s'agit du premier roman de l'auteur signé de son vrai nom, René Bonnefoy.

    En fait, cet ouvrage n'est pas un roman, mais plutôt un essai philosophique, une reflexion sur un sujet et aussi, et surtout, un exercice de style.

  René Bonnefoy pose le problème dès la première page:
"Je me sens tiraillé par des appels contradictoires en politique, en philosophie, en art".
"Je ne suis pas éloigné de croire (...) que notre âme est double, et qu'en nous se disputent le bien est le mal, mais avec cette rétiscence moderne : à savoir que le bien et le mal sont presque toujours interchangeables selon le point de vue d'où on les considère."
"Dualisme... Dualité... Je jette donc ces mots aux jambes du lecteur, comme des lassos, sans ménagement, sans hypocrisie."
    Ainsi donc les 2 mots sont lachés et pour en extraire leur(s) symbolique(s), leur(s) sens, leur(s) réalité(s), René Bonnefoy va nous décrire son processus de travail qui consiste à créer "deux lanternes, une blanche et une rouge, à quoi les amateurs reconnaîtrons deux éléments opposés : tradition et progrès, discipline et rébellion, foi et doute...".
    Et pour donner vie à tous cela, il va d'abord nous raconter la création, dans son esprit, d'un premier personnage, une femme, censée être l'un des acteurs de son roman : Gilberte. Elle va commencer à prendre vie dans ses pensées, à se forger un caractère, des idées, une identité, un visage et même ira parfois supplanter l'esprit de son créateur, tel un vampire. Puis, pour complèter la scène, l'opposé de Gilberte prendra à son tour vie en la personne de Guy. Alors notre romancier et néanmoins narrateur et témoin des scènes à venir va nous conter différentes visites et rencontres de nos deux "héros" dans un monde de politique, d'artistes et de philosophes.

    À la lecture des premières lignes, il est évident que deux choses vont s'imposer : une certitude et un doute.
La certitude est que cet ouvrage est admirablement bien écrit. Le style en est riche d'expressions, de tournures tout en laissant une fluidité au récit. C'est la découverte d'un exercice de style excellement bien conduit. En fait c'est un délice que de comtempler la création de cette "Êve" et de cet "Adam" par l'auteur,; son truchement pour en arriver à mettre au monde ces deux êtres qui ne sont que les reflets et les idées de lui-même. Dieu à fait l'homme (et la femme) à son image. On ira même parfois douter de la réelle existence de Gilberte et de Guy; soupçonnant une double personnalite de l'auteur.
  Là où cela risque de surprendre, c'est avec le style que René Bonnefoy utilisera lors de l'écritures de ses premiers romans signés B.R. Bruss comme "...et la planète sauta" ou les premiers romans parus dans la collection "Angoisse" et qui sont parus entre vingt et trente ans après celui-ci. Comment peut-on autant régresser dans son style littéraire ? Si les propos et le genre sont sensiblement différents, on aurait dû au moins retrouver la "patte" de l'auteur dans ces romans de genre. Est-ce le contexte dans lesquels ces derniers ont été écrit ?
  Mais avouons aussi que le style ici présent n'est pas sans annoncer, avec fracas et délices, le style Roger Blondel.

  Franchement, si le titre de ce "roman" peut ne pas appeler le lecteur d'aujourd'hui, sa lecture nous prouve encore une fois que l'habit ne fait pas le moine.
  Et vous qui connaissez mieux B.R. Bruss que René Bonnefoy, délectez-vous en lisant le chapitre XIV, où la description du trajet en automobile et celle du décors du lieu d'un drame, nous ramènera à l'idée le genre de style d'un "Bourg Envoûtée" ou d'un "Nous avons tous peur". Comme quoi, l'habit ne fait vraiment pas le moine.

  Ajoutons encore que la préface de Louis Martin-Chauffier, directeur de la collection "Le conciliabule des trente" où paraît cet ouvrage, à pour but premier de présenter l'auteur. Quelle bonne trouvaille ! nous allons en savoir plus sur René Bonnefoy en 1928. Désillusion totale. Louis Martin-Chauffier n'a rencrontré René Bonnefoy que l'espace d'une petite heure dans un lieu non propice à la discussion littéraire. Alors passez la préface (gardez-la en postface comme il se doit de toute préface) et plongez à la découverte de ce style, de ce genre, de ces idées, toutes bonnes et mauvaises à la fois.




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À suivre :

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